Portrait de Madeleine au grand cœur
Quand j’ai terminé ma carrière d’enseignante (15 ans institutrice, 27 ans professeur d’histoire-géo en collège et en lycée), je ne me voyais pas du tout arrêter d’enseigner, j’avais toujours la passion pédagogique. J’ai par chance entendu parler d’une association : le GREF (groupement des retraités éducateurs sans frontières. Mais je me suis rendue compte que soutenir les professeurs de français à l’étranger, c’était un nouveau métier et j’ai pu m’inscrire en auditeur libre afin de suivre à Lille les cours de la maîtrise de Français Langue Etrangère. Avec le GREF, j’ai fait des missions pendant 15 ans (Viêt-Nam, Haïti, Roumanie, Ukraine, Arménie, Mali, Slovaquie) nouant des amitiés qui durent toujours. Et puis j’ai appris l’existence de Mots et Merveilles où je me suis présentée en 2009. On m’a dit que je devais suivre des formations, la première « accompagnement ». Je n’oublierai jamais cette formation qui collait parfaitement avec tout ce que j’avais découvert seule au fil des années. J’avais été recrutée avec mon simple bac et par retour du courrier dans l’ancienne Seine et Oise où arrivait en masse des provinciaux accompagnés de leurs nombreux enfants - c’était le baby-boom -. Nous avions 40 élèves par classe. Que de temps gagné, que d’erreurs évitées si j’avais pu recevoir une telle formation à mes débuts ! Je constate en discutant avec des nouveaux professeurs des écoles qu’il y a toujours un vide de formation, l’apprentissage du respect, de l’écoute, de l’empathie qui est la marque des permanents de Mots et Merveilles. J’ai pour ces personnes une grande admiration. J’ai donc continué à travailler à Aulnoye, à Ferrière, à Landrecies trouvant toujours auprès des formateurs soutien et écoute et alternant apprenants illettrés et étrangers. Les Soudanais étaient particulièrement attachants avec leur soif de parler français. Ils étaient jeunes, ils avaient vécu l’enfer (il leur fallait 8 à 9 mois de cours avant d’avoir les mots pour le dire) et malgré cela, ils n’avaient pas perdu leur fraicheur. Comment dominer mon émotion quand séparé depuis plus de deux ans de sa femme et de sa petite-fille, l’un d’eux, m’envoie une photo de leur arrivée à l’aéroport, la photo de la petite avec ce mot "la princesse est arrivée." Je ne sais pas si je serai encore capable après le Covid de reprendre des apprenants mais mes 11 années de coopération avec Mots et Merveilles restent inoubliables. Même si je me sens une professionnelle de la pédagogie, je reste étonnée, admirative de la richesse d’imagination, de la beauté des réalisations, de la recherche permanente qu’ont menées et mènent encore les permanents de Mots et Merveilles.
Portrait de Martine Wairy
Martine est un peu essoufflée au bout du fil, la septuagénaire marche d’un bon pas, une petite rando de 6-7 km quotidienne qui la garde bien en forme. L’ancienne infirmière a rencontré Mots et Merveilles voici trois ans, un peu par hasard, lors d’une discussion avec le maire d’Aulnoye-Aymeries. « Au départ, je me suis dit qu’est-ce que je vais pouvoir y faire ? », raconte Martine amusée. Sa curiosité l’emporte sur ses doutes et très vite, « ça m’a passionnée ». Durant sa carrière d’infirmière, elle avait rencontré des personnes en difficulté avec la langue française, « mais je n’avais jamais imaginé, avant d’arriver à Mots et Merveilles, à quel point cela pouvait les faire souffrir ». Martine Wairy est émerveillée par les apprenants, « devant leur volonté d’apprendre alors qu’ils sont adultes. Quel courage ! ». Elle est fascinée par leur faculté à développer « un système de débrouillardise » sans savoir lire ou compter, comme cet homme qui d’un seul coup d’œil peut calculer une surface à tapisser, sans mètre, ni règle, ni mathématiques… Il y a celui qui pour aller à Lille, - « une aventure » -doit écrire tous les panneaux de villes pour les déchiffrer sur la route et arriver jusqu’à destination. « C’est eux qui nous apprennent », souffle Martine, émue. « Mots et Merveilles, c’est une idée magnifique. Et les salariés sont très attentifs aux petits détails des deux côtés, c’est important », conclut la bénévole.
Portrait d'une bénévole égoiste
Elle veut rester anonyme et se décrit avec humour comme « la plus vieille bénévole de l’association ». La voici dans sa 11e année au sein de Mots et Merveilles et a même intégré le conseil d’administration de l’asso. Cette femme de mots, diplômée en droit, passionnée de littérature et de langue latine, a choisi il y a plus de dix ans de « se mettre au service des autres ». Après avoir cherché une association dans laquelle s’investir à Maubeuge, elle a découvert Mots et Merveilles. Deux chaises, une table dans une salle municipale, la bénévole a démarré tout petit dans la cité du clair de lune… Puis, l’antenne maubeugeoise s’est développée et devrait même connaître bientôt un autre déploiement à la mesure de ses ambitions. Dans sa relation avec les apprenants, elle dit recevoir tellement de belles choses qu’elle se qualifie de « bénévole égoïste. Vous voyez, j’y trouve mon compte, ce n’est que du bonheur de tirer les autres vers le haut », lance-t-elle.